Weyergans plus fort que Houellebecq
J’ai dit un mot, déjà, des deux écrivains dont les noms apparaissent dans le titre d’aujourd’hui. Je voudrais malgré tout y revenir, puisque rien n’est interdit et que je suis soumis à ma seule fantaisie – dont les limites sont inconnaissables.
Car je suis frappé par deux cas exceptionnels et très différents de promotion dans cette rentrée littéraire, pour des raisons qui n’ont rien à voir.
A l’évidence, le manuscrit de Michel Houellebecq avait été remis en temps et en heure à un éditeur qui a pu organiser, selon les bonnes vieilles lois du marketing (vous connaissez sans avoir jamais fait de marketing, ni moi non plus : il s’agit de faire monter le désir), le lancement de La possibilité d’une île – ça m’énerve un peu de ne pas l’avoir reçu, j’aurais bien voulu le lire et je croyais avoir trouvé l’argument définitif auprès de Raphaël Sorin pour qu’il me le fasse envoyer (car je me doute bien qu’il ne fait pas les paquets lui-même) : j’habite sur une île, donc…
Bref, il y avait là de grandes stratégies en œuvre.
Rien de tout cela avec François Weyergans, qui n’en finissait pas de retarder le point final de Trois jours avec ma mère, au point que, ai-je constaté en rassemblant les éléments d’un article à paraître vendredi dans Les Livres du Soir, les journalistes se sont un peu énervés sur son cas l’année dernière : pour la première fois depuis 2000, Grasset n’annonçait pas la publication du roman à la rentrée. Il manquait un absent potentiel, si j’ose dire.
Maintenant qu’il est là, et vraiment là – je n’ai reçu que le texte sous forme de fichier électronique mais je connais quelqu’un qui a le livre imprimé –, c’est la panique, généralement contraire à toute idée de marketing. Au lieu d’arriver en librairie à la fin du mois, et donc après un paquet d’articles (j’ai rêvé un moment d’être le premier, je crois que c’est foutu), le roman sera expédié en catastrophe et tout de suite. Si mes renseignements sont bons, on devrait pouvoir l’acheter demain.
Attendre si longtemps, puis se presser tellement… Y a-t-il une leçon à en tirer ?