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Le journal d'un lecteur
21 janvier 2005

Mallet-Joris en Plantin light

Même les amoureux du papier pourraient trouver quelques avantages à lire sur écran, quand le fichier comporte des renseignements que les livres imprimés omettent souvent. Ils sont devenus très rares, les éditeurs qui prennent soin d'indiquer la police dans laquelle est composé un texte. Les noms de polices de caractères m'ont pourtant toujours fait rêver. Baskerville, Garamond, Times, Bodoni… (Les amateurs, comme moi, auront remarqué qu'il s'agit toujours de polices à empattements.) En lisant Portrait d'un enfant non identifié, le nouveau roman de Françoise Mallet-Joris que j'évoquais hier, j'ai eu le plaisir de savoir ce que j'avais devant les yeux : un caractère Plantin light C12(-0.1)/14. Plantin, vous vous rendez compte ? Un des premiers grands imprimeurs, au seizième siècle, et installé à Anvers, où sa maison est devenue un musée. Anvers, la ville de naissance de Françoise Mallet-Joris ! Je ne sais pas si c'est volontaire mais, en tout cas, c'est bien joué !
Le texte est donc composé en Plantin light corps 12, ou presque, avec un espacement correspondant à du corps 14 pour améliorer la lisibilité du texte sur la page. Pensez donc : il y a quand même 435.445 signes dans le roman, ce qui suppose de veiller au confort d'un lecteur qui va y rester pendant des heures !
J'aime ces détails, dont je dispose parce que Grasset m'a envoyé le fichier du « bon à tirer », c'est-à-dire celui qui est parti chez l'imprimeur après toutes les corrections requises.
Toutes les corrections ? Et pourquoi, alors, le correcteur de mon traitement de texte signale-t-il, ici ou là, des fautes ? Le correcteur automatique a tort, parce qu'il est automatique, précisément, et n'imagine qu'une norme stricte sans tenir compte des audaces (limitées, dans le cas de Mallet-Joris) que peut se permettre un écrivain, passant parfois dans les marges de la règle. Et toujours avec bonheur ici.
L'histoire de Dante, un personnage hanté par le passé criminel de sa famille au début du vingtième siècle, traverse trois pays (France, Italie et Suisse), résonne d'une actualité bruyante dans laquelle la guerre est un point d'orgue, rencontre Bonnot, le célèbre bandit… Elle est touffue et passionnante, les sentiments s'y exacerbent dans les fièvres de l'époque. Bref, c'est un excellent roman. Et merci, Françoise !

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