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Le journal d'un lecteur
31 janvier 2005

De province…

Je suis en province depuis quelques jours et ce n’est pas, à Madagascar, la manière la plus simple d’être connecté avec le monde. Pour une fois, je peux donc balayer d’un geste de la main, voire même d’un simple haussement de sourcils, les reproches de ceux qui parleraient de ma paresse.

Depuis mercredi, j’ai d’ailleurs lu une demi-douzaine de livres écrits par des auteurs africains, dont le plus impressionnant à mes yeux a été Verre Cassé, d’Alain Mabanckou (Seuil, 205 pages, 17 euros). Pas seulement parce que j’aime les bars et les histoires qui s’y racontent. Mais aussi pour ça. Surtout, quand même, pour l’ardeur que met Verre Cassé – puisque c’est le nom du personnage principal – à recueillir les vies qui passent par là, et dont la plupart possèdent des extensions à n’en plus finir, pour la manière dont il les restitue, plus vraies que vraies. Au point qu’on se moque complètement de savoir si elles reposent sur un fond de vérité ou si elles sont complètement imaginaires, puisqu’on y croit et que c’est l’essentiel. D’ailleurs, ceux qui les rapportent à Verre Cassé, transcripteur de destins abîmés, sont peut-être des mythomanes. Et alors ?

Bref, c’est un superbe roman, dont il y aurait beaucoup à dire, et sur lequel je viens d’écrire un article trop court pour essayer d’en dire le maximum – bien entendu, la place est toujours limitée dans les journaux et on fait ce qu’on peut.

Les autres ouvrages du même petit dossier africain à paraître vendredi dans Le Soir, pour mémoire, et parce qu’aucun de ces livres ne laisse indifférent, sont un essai très pertinent de Boniface Mongo-Mboussa, L’indocilité (Gallimard, coll. Continents noirs, 144 pages, 13 euros environ) ; trois romans parus chez le même éditeur et la même collection, L’invention du beau regard, de Patrice Nganang (208 pages, 15,50 euros), Lisahohé, de Théo Ananissoh (144 pages, 13 euros), et Ainsi va l’hattéria, d’Arnold Sènou (176 pages, 14,50 euros) ; ainsi que Matins de couvre-feu, de Tanella Boni (Le Serpent à Plumes, 321 pages, 19,90 euros). Une belle brochette de textes.

Mais le livre dont j’ai surtout envie de vous parler aujourd’hui, là, maintenant, tout de suite, est un essai de Majid Rahnema, Quand la misère chasse la pauvreté (Actes Sud, coll. Babel, n° 660, 479 pages), parce que je viens de le terminer et qu’il va à l’encontre de quelques idées reçues. Il met à mal tous les grands principes qui président aux aides " généreusement " octroyées par, pour le dire rapidement, les pays du Nord vers les pays du Sud. Des pays riches vers les pays pauvres, pour le dire autrement.

Sinon que la notion de pauvreté est ici fortement relativisée, revue à la lumière de quelques penseurs et leaders charismatiques de temps révolus depuis que la mondialisation économique a imposé un seul credo au monde entier. Davantage de production pour l’exportation signifie, selon les pontes de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International (les adjectifs, bien sûr, ne méritent pas de majuscules en bonne logique, mais celles-ci s’imposent dans ces cas précis, n’est-ce pas ?), un accroissement du revenu du pays et, donc, une réduction de la pauvreté.

Sinon (encore) que cela ne fonctionne pas ainsi, j’en ai la preuve sous les yeux tous les jours à Madagascar.

Et que, donc, il n’est pas inutile de chercher d’autres voies, quitte à être discuté. Si Majid Rahnema aide à ouvrir les yeux, il aura déjà accompli un énorme travail. Lisez, écoutez, comme dit Edwy Plenel en commençant ses émissions sur LCI. Cela fera au moins réfléchir – et c’est énorme.

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Commentaires
A
Bonjour Monsieur Maury,<br /> <br /> Je m'autorise cette intrusion pour poster un commentaire dans votre blog. Je vois que vous êtes un lecteur professionnel.<br /> Mais de livres déjà édités ?<br /> Lisez-vous également ceux des personnes s'essayant à l'édition ?<br /> <br /> Je vous invite à suivre celui que j'insère petit à petit sur mon blog sbdelp.canalblog.com/.<br /> <br /> Sur, cela n'a rien à voir avec les grands auteurs, mais cela m'appartient. C'est mon histoire.<br /> <br /> En fait j'ai besoin de l'avis d'expert avant de l'envoyer chez un éditeur, encore faudrait-il que j'en connaisse un qui est un programme éditorial qui corresponde à mon style.<br /> <br /> Je vous salue cordialement.<br /> <br /> S.B. l'Alchimiste
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